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Exécution provisoire des jugements prud’homaux : ce que les salariés doivent savoir

  • Photo du rédacteur: Julien DAMAY
    Julien DAMAY
  • 16 avr.
  • 3 min de lecture

Lorsqu’un salarié gagne son procès aux prud’hommes, il pense souvent pouvoir toucher rapidement ce que l’employeur lui doit. Pourtant, la réalité est parfois plus complexe : en droit du travail, une décision favorable n’est pas toujours immédiatement exécutoire. Ce qu’on appelle « l’exécution provisoire » permet justement, dans certains cas, d’obliger l’employeur à s’exécuter tout de suite, même s’il fait appel. Encore faut-il que cela soit prévu par la loi… ou autorisé par le juge.





🔹 Pourquoi un jugement prud’homal n'est il pas toujours exécuté immédiatement ?


Contrairement aux autres décisions de justice, les jugements rendus par les conseils de prud’hommes ne sont pas exécutoires de droit à titre provisoire (article R. 1454-28 du Code du travail). Autrement dit, ils ne peuvent pas être mis à exécution immédiatement, sauf exception. Pourquoi ?


Parce que le contentieux du travail est particulier : les montants accordés au salarié peuvent être très importants, et les décisions sont souvent contestées en appel, avec un taux d’infirmation relativement élevé. Or, si le salarié a déjà perçu les sommes et que le jugement est ensuite annulé, il devra rembourser. Ce remboursement peut s’avérer difficile, voire impossible s’il a déjà dépensé les sommes.


🔹 Quand le juge peut-il autoriser l’exécution immédiate ?


Même si l’exécution provisoire n’est pas automatique, le juge peut la prononcer s’il estime cela nécessaire. L’article 515 du Code de procédure civile l’y autorise, à la demande du salarié ou d’office, si cela est compatible avec la nature de l’affaire.

C’est particulièrement important de demander au conseil de prud'hommes l'exécution provisoire :

  • si les sommes dues sont importantes ;

  • si l’employeur risque de devenir insolvable ou d'organiser son insolvabilité;

  • si vous êtes dans une situation d’urgence.

Le juge appréciera au cas par cas.

Si cette demande n’a pas été faite en première instance, il est encore possible de la formuler en appel, auprès du premier président de la cour d’appel, mais il faudra alors démontrer l’urgence (article 517-2 du CPC).


🔹 Dans quels cas l’exécution est automatique ?


Voici les exceptions légales où l’exécution est de droit :

✔️ Paiement des salaires et indemnités (dans la limite de 9 mois de salaire brut)

✔️ Remise des documents de fin de contrat (certificat de travail, bulletins de paie, attestation Pôle emploi)

✔️ Mesures d’urgence (provisions, mesures conservatoires)

📝 C’est prévu par l’article R.1454-28 du Code du travail.

💡 Bon à savoir : cette exécution provisoire est valable même en cas d’appel. Cela oblige l’employeur à payer (ou à remettre les documents) immédiatement. A défaut le salarié peut saisir un commissaire de justice qui fera le nécessaire.


🔹 Que peut faire l’employeur en cas d’appel ?


Il peut :

  • demander l’arrêt de l’exécution provisoire, s’il estime qu’elle est illégale ou entraîne des conséquences manifestement excessives. Le premier président de la Cour d’appel est compétent (article 517-1 du CPC).

  • demander un aménagement : Le premier président peut alors ordonner la consignation des condamnations auprès de la Caisse des Dépôts (article 521 du CPC). C’est une garantie en cas d’infirmation du jugement.

⚠️ Attention : si l'employeur refuse d’exécuter une décision exécutoire, son appel peut être radié (article 524 CPC).


🔹 Et si la décision est infirmée par la Cour d'Appel ?


C’est une situation parfois délicate : le salarié a perçu des sommes grâce à l’exécution provisoire, mais la cour d’appel infirme le jugement. Il doit alors tout rembourser.

Ce remboursement peut être difficile : le salarié a pu utiliser les sommes pour vivre, surtout s’il est sans emploi. L’employeur devra alors engager une procédure d’exécution forcée, longue et coûteuse, pour récupérer les fonds. Cela pose une vraie question d’équilibre.


A ce stade, je conseille souvent la négociation d'un échéancier.


Ce qu'il faut retenir :


L’exécution provisoire est un outil précieux pour faire respecter les droits du salarié rapidement, mais elle n’est pas systématique. Elle dépend :

  • de la nature des sommes demandées (salaires, indemnités…),

  • de la décision du juge,

  • et des circonstances du litige.


Elle constitue un moyen de pression efficace mais n'est pas sans danger :

Les juges rappellent régulièrement que "L'exécution d'une décision de justice exécutoire à titre provisoire n'a lieu qu'aux risques et périls de celui qui la poursuit"


 
 
 

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DAMAY-AVOCATS

Maître Julien Damay – Avocat à la Cour d'appel de Dijon

42 rue de la Préfecture 21000 Dijon

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Avocat Dijon - Cour d'Appel - Tribunal de commerce de Dijon

Spécialiste droit du Travail - licenciement - rupture conventionnelle - conseil de prud'hommes

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